Guide écrit par:
Jean-Marie, Jardinier passionné & auteur, Auvergne
Nous étions habitués, grâce aux produits chimiques, notamment avec la matière active la plus présente sur le marché, le glyphosate, à avoir jusqu'à présent un jardin propre, sans herbes indésirables. Mais la réglementation change et tous les pesticides chimiques seront interdits dans les jardins familiaux au 1 janvier 2019.
Pour désherber sans ces produits, il faut repenser notre conception du jardin et accepter que nos plantes cultivées cohabitent avec quelques plantes non désirées. Les mauvaises herbes n'empêchent pas un potager d'être productif. Par ailleurs, elles sont une source de nourriture pour la faune sauvage, en particulier les insectes. Ce principe du bio contrôle qui repose sur la gestion des équilibres des espèces nuisibles plutôt que sur leur éradication, a été préconisé par la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt du 13 octobre 2014.
Elles ont pour but d'éviter que les mauvaises herbes (ou adventices) s'installent.
Biner et sarcler régulièrement pour empêcher les graines de germer.
Sarcler les plantes semées en lignes et les plantes individuelles 2 ou 3 fois au moins durant la saison, dont une première fois, sitôt la levée effectuée.
Les cultures dont la croissance est lente (mâche, oignon, carotte, betterave...) doivent être semées dans un sol bien désherbé au préalable au risque de se faire gagner par les plantes indésirables, et elles doivent être désherbées manuellement sitôt après la levée.
Le paillage est un des principes majeurs de la permaculture.
En épandant une couche de paillis sur les massifs et entre les plantes potagères, vous limiterez non seulement la pousse des mauvaises herbes mais aussi la fréquence des arrosages, car le sol gardera mieux son humidité. Employez autant que possible des matériaux biodégradables, fougères, paille, tonte de gazon, cosses de cacao, écorces, paillette de chanvre ou de lin, cartons, journaux.
À l'automne n'hésitez pas à déposer une bonne couche de feuilles mortes, même sur un sol nu. Cela empêchera la pousse des plantes.
Des toiles de paillage ou de tissu géotextile sont utilisées comme moyen de paillage pour empêcher la croissance des mauvaises herbes, par exemple lors de la plantation d'une haie. Les géotextiles biodégradables en jute ou en fibre de coco se dégradent au fil du temps.
Les géotextiles imputrescibles, posés sous une allée gravillonnée empêchent les végétaux de pousser entre les cailloux.
Les plantes couvre-sol au jardin d'ornement sont idéales pour couvrir l'étage inférieur d'un massif : gazon d'Espagne, alysses, millepertuis, aubriètes ... Elles décorent un parterre, ne laissant aucune place pour les adventices.
Dresser des bordures pour bien délimiter les plates bandes et faire obstacle aux racines.
Si votre carré est libre pendant au minimum 2 mois, le semis d'un engrais vert de croissance rapide seigle, luzerne, phacélie, sarrazin, colza, moutarde blanche... , empêche la pousse des mauvaises herbes ou les étouffe. Avant sa floraison, fauchez-le ou broyez-le et incorporez-le au sol qu'il fertilisera. L'engrais vert présente aussi l'intérêt d'éviter le lessivage des éléments fertilisants du sol en hiver.
Si malgré tous vos efforts, des herbes indésirables se sont installées sur votre terrain, l'action préventive pour ne pas en être envahi l'année prochaine, consiste à les empêcher de produire des graines. Coupez-les ou arrachez-les avant ce stade.
Cette méthode est la seule à envisager lorsque les plants cultivés laissent peu de place entre eux et convient bien pour éliminer les plantes annuelles faciles à arracher : capselle (bourse-à-pasteur), véronique, fumeterre, mouron...
Ce désherbage est précis, ultra sélectif, totalement inoffensif pour le sol et pour la vie la microbienne. L'arrachage de la plante est la seule façon de s'assurer qu'elle ne repoussera pas.
La méthode est facile à appliquer si le sol est suffisamment humide. Vous pouvez vous aider d'un couteau ou d'une gouge pour extraire des plants profondément enracinés.
Le chardon est plus facile à extraire lorsque sa racine est encore peu développée. Surtout, procédez avant l'apparition des fleurs pour éviter la dissémination des graines.
Le chiendent est particulièrement difficile à éliminer. Le moindre tronçon de racine laissé dans la terre donne naissance à une nouvelle pousse. Bannissez la bêche et les engins motorisés et préférez le croc ou la grelinette. Chaque fragment de rhizome que vous trouverez sera extirpé du sol.
Le passage d'un sarcloir ou d'une binette autour des plants ou le long des lignes permet de déterrer ou couper les plantes à la base.
Sarclez par temps de grand soleil. Les mauvaises herbes sécheront sur place dans la journée, ce qui évitera qu'elles ne s'enracinent à nouveau. Le sarclage est un procédé qui permet d'éliminer les mauvaises herbes lorsqu'elles sont encore jeunes. Il se pratique avec un sarcloir avec lequel on racle le sol en surface.
Si la terre est sèche, et qu'une croûte s'est formée en surface, il vaut mieux utiliser la technique du binage, qui a le double avantage d'arracher les mauvaises herbes, et de casser la croûte de la terre. Les herbes arrachées ou coupées sont soit laissées sur place soit apportées sur le compost.
Divers outils facilitent le travail du jardinier. Des désherbeurs manuels sont spécialement adaptés pour déraciner les plants tout en épargnant le dos et les genoux, mais une simple gouge ou un couteau à désherber peuvent aussi faire l'affaire.
La gouge, est bien adaptée pour arracher les plantes à racine pivotante, pissenlit, chardon, rumex. Privilégiez un outil de qualité, très robuste, car certaines racines s'enfoncent à plusieurs décimètres de profondeur.
Les pelouses sont souvent envahies de pissenlits, trèfles, pâquerettes, épervières, mousses.
Les tontes répétées affaiblissent ces plantes et empêchent la formation des graines
Des désherbeurs électriques ou à gaz éliminent les herbes. Cette technique est idéale pour traiter les petites surfaces ou les bordures d'allées. Utilisée sur une culture, avant la levée des plantes ou entre les rangs, elle peut avoir l'inconvénient de chauffer la couche superficielle du sol.
Le brûleur à gaz est alimenté par des cartouches de gaz ou se monte sur une bonbonne classique. On passe juste la flamme sur les plantes sans insister. Les plantes ne sont pas carbonisées, mais subissent un choc thermique qu'elles ne peuvent supporter : elles fanent en quelques heures. Si les résultats apparaissent spectaculaires, ils ne durent que peu de temps sur les plantes vivaces, car de jeunes pousses réapparaissent à leur base, il faut alors effectuer plusieurs passages pour qu'elles soient détruites jusqu'à la racine.
Le désherbeur électrique présente moins de danger que le brûleur à gaz.
Le nettoyeur à haute pression a l'avantage de supprimer aussi les mousses et le lichen. Il n'est à envisager que pour un dallage.
Avant de faire un faux-semis, on prépare le sol comme pour un semis pour mettre les graines des mauvaises herbes dans de bonnes conditions pour germer avant de les détruire. Préparez le terrain 15 jours à l'avance et laissez pousser les mauvaise herbes. Ensuite, arrachez les mauvaises herbes à la main ou à la binette par temps ensoleillé. Ratissez pour enlever les herbes et niveler le sol et faites votre semis de culture sans attendre, en travaillant le sol superficiellement afin de ne pas remonter de nouvelles graines d'adventices.
Cette méthode donne d'excellents résultats lorsqu'on veut désherber entièrement un endroit, afin de préparer le terrain pour des cultures futures. La zone à désherber est couverte par une épaisse bâche noire, une vieille moquette, etc. qu'on laisse en place plusieurs mois.
Sous cet écran, les plantes vont être détruites sous l'effet du manque de lumière et de la chaleur, laissant un espace désherbé, prêt à être cultivé.
Du côté des désherbants biologiques nouvellement mis sur le marché, on remarque deux principales gammes de produits:
Les produits à base d'acide pélargonique.
Les produits à base d'acide acétique, autrement dit de vinaigre.
Ces herbicides agissent par contact et ne tuent que les plantes qui reçoivent le produit pulvérisé sur les feuilles et tiges.
On manque de recul sur ces nouveaux produits, mais on peut déjà faire remarquer qu'ils surtout efficaces sur de jeunes plantes, en particulier les annuelles, et il est parfois nécessaire de pratiquer plusieurs applications.
Bien que ces produits soient qualifiés de « biologiques » , et qu'effectivement ils existent dans la nature, ils ne sont pas pour autant dénués de toute toxicité. Ils ne sont pas autorisés en agriculture biologique.
On ne connaît pas les effets des adjuvants qu'ils renferment
Par ailleurs, l'acide pélargonique est une molécule corrosive et son action sur l'environnement est encore mal connue.
Si ces produits viennent à être largement employés en place de ceux qui vont être prochainement interdits (glyphosate) , il est important de s'assurer que leur impact environnemental ou sur la santé reste limité.
Guide écrit par:
Jean-Marie, Jardinier passionné & auteur, Auvergne
Haut comme trois pommes, je travaillais déjà au jardin familial. C'est peut-être de là qu'est né mon intérêt pour les plantes et le jardinage. Il était donc logique pour moi de suivre des études à la fois en biologie végétale et en agronomie. Accédant à la demande de divers éditeurs, j'ai écrit en 25 ans de nombreux livres sur la thématique des plantes, des champignons (un sujet qui me tient à cœur), essentiellement des guides d'identification dans un premier temps, mais très vite aussi par la suite, sur le jardinage, renouant ainsi avec la première passion de mon enfance. J'ai aussi collaboré régulièrement à plusieurs magazines spécialisés dans le domaine du jardinage ou plus généralement de la nature. Comme il n'y a pas de jardinier sans jardin, c'est dans un petit coin de l'Auvergne que je cultive le mien depuis 30 ans et où je mets en pratique les méthodes de culture que je vous conseille.