Guide écrit par:
Sébastien, Rédacteur en chef
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Source carte #Alertepollution
En matière de déchets, on aura tout vu… ou presque. L’Ile-de-France compte plus de 130 décharges sauvages soit l’équivalent de 20 à 25 kilos par an et par habitant (source LeParisien) ; dans l’Eure, 5000 tonnes de déchets recouvrent les terres d’un parc naturel ; aux portes de Lyon, des montagnes d’immondices s’étendent sur près de trois hectares ; somme toute, plus de 580 décharges sauvages ont été signalées dans toute la France sur #AlertePollution. Il manquerait de déchetteries sur le territoire ? Comment expliquer de tels comportements ?
La raison principale de la multiplication des décharges sauvages est sans doute le refus de payer pour le dépôt de certains déchets...
En effet, si l’importance de déposer ses déchets en déchetterie ou en centre de tri n’est plus à expliquer, il existe encore des pollueurs qui sous prétexte que la décharge du coin est fermée, déposent leurs déchets à l’orée d’un bois…
L’abandon de détritus est puni par une contravention de 3e classe, soit une amende forfaitaire de 68 euros ou une amende forfaitaire majorée de 180 euros. Dans certains cas, l’amende encourue peut atteindre 450 euros pour le particulier… ce qui est apparemment peu dissuasif (voir le décret sur Légifrance). Le professionnel, lui, risque jusqu’à 75 000 euros d’amende et deux ans d’emprisonnement.
En bref, 75 % des déchets produits en France sont issus du BTP et en 2016, c’est quelque 323 millions de tonnes de déchets qui ont été générées. Devant ces chiffres colossaux, la gestion des déchets de chantier est devenue une nécessité ; le stockage, le transport, l’élimination et le recyclage sont régis à des directives strictes et évolutives.
Vous voulez en savoir plus ? Voir le dossier Déchets Chiffres-clés de l'Ademe.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics a généré environ 3400 kg de déchets par habitant en 2014 ce qui représente 81 % des déchets de l’ensemble des français. Les entreprises du BTP ont produit 227.5 millions de tonnes de déchets ; 184.3 millions de tonnes de déchets sont attribués au travaux publics, 43.2 millions de tonnes de déchets proviennent du bâtiment dont 31 pour le gros œuvre et 12.2 pour le second œuvre dont 80 % sont des déchets inertes.
La loi de Transition énergétique pour la croissance verte fixe l’objectif de valoriser 70 % des déchets du BTP.
Professionnel du bâtiment, vous voulez en savoir plus ? Voir le dossier complet Déchets de chantier édité par la Fédération Française du Bâtiment.
Le recyclage est au cœur de l’économie circulaire. Les déchets constituant une ressource de matière pouvant être l’objet d’une valorisation, les recycler est essentiel pour diminuer le prélèvement de matières naturelles. La France fait vœux d’augmenter progressivement sa consommation de déchets faisant l’objet d’une valorisation sous forme de matière pour atteindre 55 % en 2020 et 70 % en 2025. Outre les nombreux bénéfices environnementaux qu’apporte le recyclage, cette source de matière est indispensable à l’industrie française et améliore sa compétitivité.
Le saviez-vous ? En 2016, le recyclage a permis d’éviter le prélèvement de 17 millions de tonnes de matières premières, la production de 20 millions de tonnes de CO2 et le secteur représente un bassin de quelque 108 000 emplois directs.
Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous sur le site de l’Ademe, l’Agence de la transition écologique.
Si les travaux à l’origine des déchets ont été réalisés par un professionnel, il est lui-même responsable de leur évacuation. Ce dernier doit diriger les déchets dans des installations appropriées, respectant notamment la réglementation ICPE (Installation Classée pour la Protection de l'Environnement).
En revanche, si vous en êtes l’auteur, la responsabilité vous incombe et vous devez déposer les déchets inertes et les déchets non dangereux non inertes en déchetterie, ou contacter une entreprise spécialisée dans la collecte de déchets. S’il s’agit de déchets dangereux, comme de l’amiante ou du plomb, il est plus sage de faire appel à une entreprise spécialisée qui se chargera de l’évacuation et de la dépollution.
En bref, ce n’est pas lorsque la brouette est pleine qu’il faut réfléchir où la vider… Les déchets de chantier, comme nous le savons, sont volumineux, de différentes catégories et selon cette dernière, ils ne sont pas traités et/ou stockés de la même manière. Adoptez la méthodologie suivante avant de commencer vos travaux pour évacuer les futurs déchets de votre chantier :
Faire appel à un professionnel pour le traitement de déchets dangereux type amiante ou plomb.
Les déchets de chantiers se catégorisent selon leur nature en vue de leur valorisation et/ou de leur recyclage. Trois catégories de déchets de chantier se distinguent :
Représentés par 72 % des déchets du Bâtiment, les déchets inertes ne présentent aucun danger et sont constitués de terre, de matériaux de démolition et terrassement, de pierres naturelles, tuiles, bétons, parpaings, briques, ardoise, verre, carrelage, gravats etc.
Les déchets inertes ne brûlent pas, ne se décomposent pas et ne sont pas biodégradables. Ils ne subissent aucune modification chimique, physique ou biologique importante durant leur stockage.
Les déchets inertes non valorisables sont stockés dans des Installations de Stockage des Déchets Inertes (ISDI). Il est possible d'utiliser les DI en remblaiement de carrières (assimilés en valorisation de matière).
Représentés par 26 % des déchets du Bâtiment, les déchets non dangereux constituent les déchets de chantier banals non toxiques, non corrosifs et représentant aucun risque de dangerosité.
Ils sont constitués de métaux, quincaillerie, de bois non traité, d’emballage, de carton, de plâtre, de polystyrène, de moquette, de textile, etc.
Les déchets non dangereux ou déchets industriels banals sont stockés dans des Installations de Stockage des Déchets non Dangereux (ISDND).
Représentés par 2 % des déchets du Bâtiment, les déchets dangereux sont constitués d’amiante friable, des bois traités avec des oxydes de métaux lourds, de peintures solvantées, d’hydrocarbures etc.
Les déchets dangereux présentent un risque avéré pour l’environnement et l’Homme et nécessitent un traitement adapté.
Les déchets dangereux non valorisables sont stockés dans des Installations de Stockage de Déchets Dangereux (ISDD).
Savoir où évacuer ses déchets de chantier peut être problématique selon que l’on vit en milieu rural, semi-rural ou en agglomération. Heureusement, vous pouvez consulter simplement les PagesJaunes ou vous rendre sur le site dechets-chantier.ffbatiment.fr qui vous propose de retrouver en un clic les différents points de collecte près de chez vous.
Le lieu de dépôt des déchets inertes ou gravats est fonction du volume à évacuer. L’on admet généralement qu’un mètre cube de gravats représente 400 kg et que les déchetteries acceptent gratuitement jusqu’à 3 m3.
Les volumes supérieurs peuvent être pris en charge par un professionnel pour un coût allant généralement de 30 à 50 € le m3. Les volumes plus importants peuvent faire l’objet d’une location de benne. En ville, les déchets de chantier peuvent être enlevés par des professionnels.
Les déchetteries publiques collectent les déchets inertes et les déchets non dangereux et non inertes en petite quantité. Le service peut être gratuit ou facturé selon la nature des déchets et la quantité Les déchèteries publiques des collectivités peuvent accepter les déchets des professionnels sous certaines conditions.
Réservées aux professionnels, car tout ou partie des déchets ne sont pas collectés par les déchèteries publiques, les déchets sont confiés à des prestataires agréés chargés d’en assurer la collecte, le regroupement, le transport puis la valorisation ou l’élimination. Les sites de dépose sont constitués de centres de tri pour les déchets industriels banals, d’installation de stockage de déchets inertes etc.
Destinées aux professionnels et particuliers, les déchèteries privées et les centres de recyclage et de valorisation des déchets collectent selon la nature de leur prestation les trois catégories de déchets. Le service assuré est gratuit ou facturé selon les déchets déposés, que l’on est particulier ou professionnel, et s'il s'agit d'un dépôt ou d'un enlèvement.
Les déchèteries, les installations de stockage et les éliminateurs refusent le plus souvent les déchets mélangés et s’ils sont sont acceptés, la politique tarifaire peut s’avérer élevée.
Faire le tri des déchets sur un chantier n’est donc pas obligatoire mais vivement conseillé pour réduire la facture et les coûts d’élimination.
Concrètement, cela implique l’organisation des déchets selon leur catégorie (DI, DNDNI, DD) et la mise à disposition de plusieurs sacs à gravats, big-bag ou bennes selon l’ampleur des travaux. Il est toutefois possible de mélanger les déchets d’emballage avec d’autres déchets dès lors que la collecte se fait dans les mêmes filières de valorisation.
Les professionnels du traitement des déchets proposent aujourd’hui des solutions tout-en-un pour évacuer les déchets de chantier directement à votre domicile.
Ces entreprises spécialisées dans le recyclage permettent d’organiser le tri et la collecte des déchets de chantier depuis la livraison des sacs jusqu’à leur enlèvement à la date de votre choix. Les déchets sont ensuite acheminés vers des points de collecte et/ou de recyclage spécialisés agréés.
Les déchets de chantier dangereux sont obligatoirement emballés et étiquetés puis confiés à des professionnels habilités et agréés. Les déchets dangereux sont ensuite stabilisés, soit solidifiés ou vitrifiés, avant de rejoindre un lieu de stockage dédié.
L'on trouve parmi les déchets dangereux :
Les déchets de matériaux de construction contenant de l’amiante, sous réserve des prescriptions de l’arrêté préfectoral du site concerné, sont dirigés en Installation de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND).
Les ISDND sont autorisées à collecter tous les déchets de matériaux de construction contenant de l'amiante lié ou libre conformément à l'arrêté du 15 février 2016 (tout autre déchet amianté n'est pas autorisé). Vérifier l'arrêté préfectoral de l'ISDND avant tout dépôt de déchets amiantés.
Tous les déchets amiantés sont autorisés en Installation de Stockage de déchets Dangereux (ISDD) et en unité de vitrification. Les déchèteries publiques, sous réserve d'autorisation, sont autorisées à la collecte des déchets amiantés inertes (contacter la déchetterie). Le stockage des déchets d'amiante est interdit en Installation de Stockage de Déchets Inertes (ISDI).
Vous voulez en savoir plus sur le traitement des déchets amiantés ? Consultez le site ffbatiment.fr.
Déchet | Valorisation ou recyclage |
Gravats | Les DI sont en grande partie valorisés. Ils peuvent être traités (concassage, criblage, épuration etc.) en vue d’une réutilisation dans les travaux routiers (terrassement, assise de chaussée, remblais, etc.). |
Déblais de terrassement | Ces déchets peuvent être utilisés en remblais de tranchées si valorisés à la chaux. |
Déchet | Valorisation ou recyclage |
Métaux | - Métaux ferreux : refondus ou recyclés, puis réutilisés en métallurgie et/ou sidérurgie. - Métaux non ferreux : refondus en affineries |
Bois non traités (classes A et B) | - Valorisation matière : création de panneaux de particules, pâte à papier, bois aggloméré etc.- Valorisation énergétique : chaufferies industrielles équipées d’un système de traitement des fumées |
Papier carton | Fabrication de papiers et cartons d’emballages |
Emballages | - Recyclage de l’acier : refonte, réutilisation. - Valorisation énergétique : déchets d’emballages mélangés. - Filière de recyclage des polystyrènes d'emballages : Eco-PSE- Réutilisation directe après nettoyage (palettes etc.) - Recyclage du plastique par broyage et extrusion sous forme de granulés. - Revalorisation dans la création de produits secondaires. |
Polystyrène | Les polystyrènes (hors emballages) peuvent être incinérés ou stockés en ISDND. |
Plastiques | - La majorité peut être revalorisée par recyclage matière. Les déchets plastique peuvent aussi être intégrés dans la composition de produits finis (sacs poubelles, tuyaux, bidons etc.) que retournés, par recyclage chimique, aux monomères / produits pétrochimiques de base. - Les plastiques thermodurcissables ne sont pas recyclables et sont incinérés. |
PVC rigide | Les déchets en PVC rigides non souillés (raccords, tuyaux etc.sauf PVC noir) sont valorisables ; ils peuvent entrer dans la composition de nouveaux produits en PVC. |
Plâtre | Si le plâtre est pur à 95 %, il peut être recyclé. |
Déchet | Valorisation ou recyclage |
Bois traités, vernis, peints, autoclavés etc. (Classe C) | Les bois de classe C sont fortement adjuvantés et peu de procédés de valorisation existent. Ces bois doivent finir dans les installations de stockage appropriées. L’incinération industrielle est rarement envisageable. |
Peintures | - L'opération "Eco-relais peinture", initiée par la CAPEB, permet un retour aux fournisseurs ou une mise à disposition dans les ateliers pour des coûts avantageux.- La collecte en déchèteries est possible |
Huiles | Valorisation énergétique ou raffinage. |
Ampoules et néons | Récylum est un éco-organisme agréé spécialisé dans le recyclage des lampes usagées et organise le maillage des points de collecte sur le territoire. |
Déchets d'Equipements Electriques et Electroniques (DEEE) | - Si le reconditionnement et le réemploi sont impossibles, les DEEE peuvent être réutilisés après remise en état, ou valorisés composant par composant après démantèlement.- La valorisation matière et le recyclage sont également utilisés pour les matières plastiques et métalliques. - Des filières de valorisation des DEEE existent (Ecologic, Eco-systèmes,etc.). |
Autres traitements des déchets dangereux | - Recyclage ou stockage.- Incinération et/ou co-incinération et/ou évapo-incinération avec récupération d’énergie.- Traitement physico-chimique. |
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Sébastien, Rédacteur en chef, 393 guides
A l’issue d’études dans le commerce, j’ai appris par opportunité la profession de charpentier. Noble mais dur métier, les hivers et la pluie m’ont incité à descendre des toits et à pousser les portes d’une quincaillerie où sans grande surprise, je me suis retrouvé quincaillier. Le métier m’a plu et au fil des années, j’ai accumulé les expériences dans plusieurs Grandes Surfaces de Bricolage. Entre deux magasins, je poursuivais mon apprentissage et travaillais en serrurerie, couverture, imprimerie ou dans le secteur industriel pour des sociétés de traitement de surface, de fabrication de vases d’expansion... L’envie de transmettre m’a ensuite conduit à me former au métier d'enseignant de Français Langue Étrangère, puis j’ai commencé d’écrire des articles de voyage, puis de bricolage pour monEchelle.fr. Aujourd’hui Rédacteur en chef de la section Conseil technique de ManoMano, j’ai le plaisir de travailler avec une communauté de vrais experts dont un jardinier hors pairs, un soudeur émérite, un plombier passionné et encore beaucoup d’autres. Restituer un conseil impartial est ce que nous faisons de mieux, et ce que nous continuerons de faire pour vous.